HISTORIQUEMENT PARLANT
Il n’est de changement qu’axiomatique, ce
qui veut dire dans l’art actuel, c’est à dire réellement
post-dada, que s’élaborent les bases d’un tradition
autre : seulement il faudra peut-être des siècles pour
changer le conditionnement des réflexes psycho-sensoriels
de la plus part des amateurs comme de la plus part des
artistes, d’où les confusions de ‘modes‘ dans lesquelles
se congratulent tant de médiocres que l’histoire de l’art
oubliera aussi vite.
Ce n’est pas le moindre mérite de Sécan
de pouvoir montrer des œuvres qui dès les années 1942-44
étaient morphologiquement et lyriquement ‘autres’: à part
Hans Hofmann (pour qui le terme d’expressionnisme abstrait
fut créé), et Mark Tobey (le premier à avoir intégré des
leçons essentielles de l’extrême-orient), je ne vois, en
dehors de la conjonction esthétique Gorky-Miro, à peu près
rien dans ce sens, avant les avancées épiques de Fautrier,
Still, Wols, Motherwell, Hartung, Mathieu, et la suite,
c’est-à-dire, depuis, une heureuse continuité qui peu à
peu engendrera une ‘tradition autre’, entérinant des
axiomes de structures autres pour exprimer un enchantement
‘autre’ aussi, mais bien entendu essentiellement de ‘type’
artistique.
Sécan, heureusement, dépasse
l’informel de ce fait qu’il le signifie
artistiquement car dans ‘signifiants de l’informel’ le mot
artistiquement important était bien ‘signifiants’
dégageant la décision esthétique objectivée, ‘l’informel’
étant une matière totalement neutre, donc disponible non
moins totalement, comme l’est la terre humide du sculpteur
dans son baquet. Rien de plus, surtout donc pas un
style…mais que de bêtises ont déclanché ce mot (je me sens
responsable du mot dans l’art et en langue française,
aussi dois-je dénoncer les abus de langage que l’on en
fait, et il y en a !). Aussi je suis heureux quand je fais
des interférences avec des artistes dignes de ce nom comme
Sécan, qui est au cœur du problème, et qui le dépasse en
grand style.
Michel Tapié
Certainement, dans les tableaux de Sécan c’est possible de
diagnostiquer, tout d’abord, un angoissé expressionnisme,
vivifié par fort tendances informelles, avec des gestes et
des couleurs spontanés.
Certainement
nous entrons dans une aventure toute chromatique, où la
langage ignore le support de géométries méditées et
reconnaissables ; le spectacle est une explosion d’une
très haute gradation, laquelle engendre un magma qui se
stratifie sur la toile dans des combinassions
hallucinantes et suggestives, Et aussitôt, nous sommes au
centre et au cœur de conglomérats minéraux, là où naît le
mystère de l’améthyste et du rubis, Mais, à une seconde et
plus attentive observation, on perçoit que les images
voilent une nostalgie secrète : la casualité des formes,
comme les fumées de la prêtresse delphique, exige une
lecture initiatique, cèle et suggère mystérieuses
figurations. Comme ces châteaux de nuages qui embrouillent
bagarreurs et somptueux symboles dans les hauteurs
Élyséennes percées par les jets. Au-delà de ces
apocalyptiques stores, au-delà des rideaux dévastés par un
tremblement de la terre, relue le caché Eldorado: la chère
et douce terre en attendant nos pas et nos battements de
cœur.
Domenico
Porzio
« Georges
Sécan donne toujours des apports précieux aux moments les
plus vifs de son art. Sécan va jusqu’au fond de lui-même,
il a surtout écouté les mouvements les plus intimes de sa
mémoire et de son cœur. Ce qui jaillit de prime abord de
ses tableaux c’est presque toujours une vague rythmique et
musicale de thèmes picturaux purs. Mais ces thèmes
maintiennent un rapport étroit avec la réalité : il y a le
‘ chant du coq’ qui déchire le silence de la nuit et
annonce la lumière imminente de l’aurore, il y a la lutte
inexorable, terrible, des éléments qui s’affrontent
mortellement, il y a l’élévation des âmes en prière qui
aspirent au divin, il y a le rythme à la fois plastique et
vibré d’éléments qui s’apaisent avec une harmonie suprême,
obéissant à une volonté plus grande d’ordre et de
lumière. Au course de cette période ardente et
expressive, Sécan nous apparaît comme étant l’adepte d’une
peinture qui veut atteindre les émotions les plus
profondes afin de secouer l’âme pour l’élever jusqu’à la
lumière. Sécan, en quelque sorte, affronte avec des
instincts très modernes le monde des visions, en essayant
de cueillir dans chaque contenu auquel il touche,
l’essence temporelle et émotive d’une présence cachée, que
son inspiration révèle et dont il nous livre les
battements et les frémissements les plus intimes. Sécan,
dans toutes ses œuvres, nous entraîne vers une présence
intérieure, qui vibre à l’unisson avec le cosmos. »
Giorgio
Kaisserlian
« J’ai
rencontré Sécan autour des années 1933-1934, quand Jaques
Guenne dirigeait l’ Art-Vivant. Que d’années depuis…
Georges Sécan me semblait trop jeune, mais il dessinait
déjà avec exaltation et il peignait avec élan. Dans les
ruines de ma bibliothèque, saccagée pendant l’Occupation,
j’ai retrouvé des feuilles de papier d’Ingres recouvertes
de ses dessins. J’ai conservé précieusement le portrait
qu’il fit du poète Max Jacob, portrait sobre et
expressif. Ce portrait est l’ ébauche de celui qui se
trouve au Musée de Quimper, et qui conserve dans son
intégrité le visage du dernier paladin du monde
occidental, mort dans le camp de Drancy comme un saint et
comme un martyr chrétien. C’est connu, Sécan aime se
refléter et s’inspirer du milieu naturel qui l’entoure.
Peint–il des paysages dans le sens traditionnel du
terme ? Absolument pas. Il engage un dialogue avec les
forces de la terre. Ses interprétations singulières de la
nature ne sont pas des reflets de la réalité telle qu’elle
se manifeste à nos sens et à notre connaissance. À
l’opposé des Impressionnistes, il fait table rase de cette
lumière éternellement changeante qui pulvérise tout ce qui
est solide et réduit la matière à l’état d’un corps fluide
ou d’un corps vaporeux.
Au contraire
des Primitifs du Nord, il ne fait pas l’inventaire des
objets qu’il a devant lui. Il n’exprime ni leur poids, ni
leur densité, ni leurs valeurs tactiles. Il contemple
l’univers avec les yeux purs et fascinés d’un
visionnaire. Il l’anime, il lui insuffle un élixir de vie
et il le spiritualise. Tandis que la plupart de ses
contemporains conçoivent le tableau comme une surface
recouverte de couleurs assemblées dans un certain ordre,
Sécan la rend humaine en la dramatisant. Les fleurs de
Sécan sont des fleurs légendaires, elles ont la beauté des
insectes diaboliques aux ailes phosphorescentes. Ces
fleurs vénéneuses s’opposent absolument au végétaux des
planches de botanique. Elles sont issues d’un recueil de
merveilles. Elles dominent comme dominent les fées et les
incantations. L’ange du bizarre, qui le guide et qui
veille sur son destin, entraîne Sécan au-delà des scènes
de la vie silencieuse. Les chimères le séduisent. Dominé
par le charme, Sécan franchit, tel le héros de Dante, le
seuil de l’empire infernal des damnés. Mais les ténèbres
dans lesquelles il pénètre n’ont pas le pouvoir de freiner
son élan. Il les traverse résolument et il aborde dans un
royaume céleste inondé de lumière. »
Waldemar
George
« Il est
des moments pendant lesquels le tumulte oppressant du
monde moderne, son implacable progrès scientifique et
mécanique, sa prolifération quantitative et ses triomphes
matériels nous laissent insatisfaits, remplis de doutes et
de secrète nostalgie. Alors nous nous adressons aux
poètes, aux musiciens, aux peintres qui nous apportent
ce ‘supplément d’âme‘ que le philosophe Bergson invoquait
à l’aube de ce siècle. Parmi les artistes qui nous
révèlent, au-delà de l’immensité extérieure, l’infini du
monde intérieur, l’un des plus attachants est bien le
mystérieux Georges Sécan.
« Citoyen
du monde et gentilhomme de la peinture » ainsi qu’on l’a
appelé, Sécan possède une personnalité extraordinaire,
discrète, modeste, extrêmement généreuse et active, une
culture raffinée, une sensibilité qui atteint le
paroxysme, un amour sans limites pour la nature et pour
les hommes. Grand voyageur, il a parcouru le Nord et le
Midi, l’Italie, à laquelle il s’est beaucoup attaché, et
les contrées lointaines de l’Asie et de l’Afrique. En lui
se réalise vraiment le cas exceptionnel d’un homme
international, non pas superficiellement mais en
profondeur. L’art de Sécan est à l’image de l’homme. Il
ne dépend d’aucune école, il n’appartient à aucun pays, il
est au dessus de tous. En lui nous retrouvons à la fois un
métier très élaboré qui s’est formé d’abord en France,
puis en Allemagne – et qui a été poursuivi et approfondi
régulièrement au cours d’une carrière d’une trentaine
d’années – et simultanément, conséquence d’un tel travail,
une liberté extrême, de sorte que sa peinture intègre dans
une synthèse superbe le réalisme et l’abstraction ; ce qui
a retenu même l’attention de Paul Klee, avec qui il a
travaillé, et du groupe des Informels. Deux éléments la
caractérisent : une rapidité fulgurante, aussi bien dans
les tableaux immenses que dans les toiles toutes petites
mais aussi complètes que les grandes, et une parfaite
économie des moyens. Il lui suffit pour peindre d’avoir
trois gros pinceaux et six couleurs, soigneusement
préparées par lui-même en faisant cuire des coquillages
pour obtenir une matière inaltérable : un blanc de zinc,
une terre brûlée, un jaune citron, un bleu d’outre-mer,
une laque et un minium. En les mélangeant subtilement, il
obtient les nuances les plus délicates, en associant une
unité d’ensemble sure et harmonieuse, aussi bien avec des
gris foncés et raffinés relevés par des blancs
éblouissants, qu’avec des ocres pourpres qui s’alternent à
des bruns somptueux. La fraîcheur de l’ébauche est
obtenue non pas à partir de la gaucherie ou de la pauvreté
arbitraire et théorique, comme c’est le cas chez la
plupart des peintres contemporains, mais grâce à la sûreté
infaillible de la connaissance technique : voici le secret
de la peinture de Sécan. C’est ainsi qu’il domine la
difficulté du métier, en se montrant sévère envers son
œuvre, en éliminant impitoyablement tout ce qui n’est pas
parfaitement ‘réussi’, Sécan peut alors exprimer à l’aide
de la peinture ce qui le touche le plus profondément et
qui donne un sens à ses toiles. Pour lui les choses ont
un langage que la plupart ne peuvent comprendre, à cause
de l’aridité de leur cœur, de leur égoïsme sensuel et
matériel qui les rende sourds. Sécan, lorsqu’il peint,
est souvent obsédé par la musique, car pour lui les
nuances de la peinture correspondent à celles de la
musique. Cette assimilation des deux arts, qui a été le
souci de nombreux peintres modernes, et en particulier des
peintres abstraits, est aussi celui de Sécan. Mais il ne
la trouve pas comme eux dans des jeux superficiels de
rythmes. Ses toiles ne ressemblent pas à la Suite en
rouge et bleu de Kupka, le premier tableau abstrait :
elles harmonisent les résonances et les nuances
différentes, tout en conservant leur caractère propre, et
le résultat est une symphonie picturale qui touche l’âme.
Les thèmes représentatifs, autrefois dominants,
apparaissent désormais de temps en temps dans l’œuvre de
Sécan, pour qui tout dans l’univers est intimement
humain. Ses ‘marionnettes’ de 1946 lui ont été inspirées
par le sentiment de la fragilité de notre espèce, qu’il
sentait pendant la dernière guerre mondiale, quand la
société devenait comme un ballet de fantômes sur une scène
provisoire. C’est la comédie de la vie qui se déroule
quotidiennement devant les yeux du philosophe. Le sujet
essentiel de Sécan est souvent dans la nature déserte,
immense, dans laquelle les éléments composent un drame
éternel et mystérieux. En face de ce monde si pesant il
éprouve un découragement intérieur dont on perçoit tout le
frémissement dans les touches palpitantes de son pinceau.
Ce sentiment des grandes forces cosmiques est très rare
dans la peinture occidentale. Dans l’Antiquité on
appelait ‘Grand Pan’ la force vertigineuse du cosmos que
les hommes essayent de capter pour des usages d’une
efficacité terrifiante. La fonction de l’art, qu’un
peintre aussi profond que Sécan a compris, consiste à nous
situer à nouveau devant cet univers infini qui nous
enveloppe si intimement et qui oublie notre civilisation
mesquine et momentanée, étourdie par des illusions
bruyantes. Delacroix n’avait-il pas déclaré : ‘ Je suis
pour l’infini, contre le fini’ ?
L’œuvre de
Sécan fait partie de celles qui nous livrent un message et
qui est d’autant plus important qu’il ne se limite pas
seulement à une rébellion ou à un renoncement comme tant
d’autres, ou à une subtile mais fictive invention de
l’esprit. Dans l’art de Sécan il y a une résonance du
cœur, une inclinaison sensible pour la réalité qu’il
domine sans cesser de la regarder, de la caresser
affectueusement, de sort que le détachement des mystiques
asiatiques, de même que le pessimisme amer des romantiques
de XIXe siècle, lui sont étrangers. Il y a
dans sa peinture un accent de bonté et d’amour qui fait
vibrer les couleurs et les formes avec une secrète ivresse
dans laquelle on sent l’espoir, toujours vivant dans le
cœur de l’homme, de retrouver le paradis perdu dont l’art
restera toujours le meilleur témoin et le dernier
prophète. »
Raymond Charmet
La peinture
de Sécan, louée depuis plus de trente années par beaucoup
de critiques, de Waldemar George à Charmet, à Chastel,
peut paraître somptueuse et mue par une inspiration riche
et épanchée, mais on toujours perçoit quelque chose
d’orageux aux sens mais bien aussi une agitation de
l’intelligence ; ainsi, le tableau ce charge de matière de
couleur chaude et de violence expressive.
Si je fusse
le chef d’orchestre d’un grand théâtre lyrique, je lui
confierais les scènes d’une œuvre wagnérienne, non pour
limiter ses possibilités, mais, plutôt, pour mettre son
imagination face à face avec une grande œuvre d’un
Maître : grâce à le tumulte de ses tableaux, Sécan
donnerait une équivalente picturale à celle musique si
somptueuse et, dans le même temps, si tumultueuse et
dramatique. Dans les tableaux qui nous avons vus pendant
ces années, dans les plusieurs d’exhibitions présentées en
Italie, on perçoit combien riche est sa disponibilité et
on reconnaît comme Waldemar George eût raison.
Marco Valsecchi
« Sécan est
parmi les personnages les plus déconcertants de la
peinture contemporaine : il est en dehors de tout courant
artistique et pourtant les plus grands critiques ont parlé
de lui ; il est capable de faire un portrait cueilli sur
le vif en l’espace de quelques minutes et de flâner de par
le monde des années entières, mais de temps en temps il
aime s’isoler du monde et des hommes, pendant des mois et
des mois, pour se retirer dans une lointaine maison de
campagne pour peindre seulement, utilisant ses couleurs
spectrales, mystérieuses, qu’il aime fabriquer lui-même au
moyen d’alchimies secrètes. »
Giorgio
Mascherpa
«
Engagement de la peinture et non pas, comme on dit
d’habitude, peinture engagée. Celui qui peint est
toujours et constamment engagé, à un résultat
principalement, à une recherche, à une découverte ou à une
re-découverte. Sécan est du nombre de ces observateurs,
parfois mutins, qui passent indifféremment d’un portrait
très fin et important à une composition plus libre et sans
frontières, dont les effets se font sentir au-delà d’une
limite mesurable temporellement. Ses expositions, en
revanche, font date, et on s’en souvient bien qu’il soit
plus difficile de se rappeler de la sinuosité multicolore
de quelques-uns de ses titres, joyeusement ironiques : ‘
Attente bouleversante…’, ‘Sacrifice et vocation’,
et d’autres encore, expressions littéraires en apparence,
marquées par les couleurs de sa palette.
Mais il ne
s’agit pas de littérature dans ces titres, ils
appartiennent plutôt au contexte d’une tradition
sentimentale et intellectuelle Parisienne qui autorise
toutes les possibilités de fuite et d’évasion, mais
surtout de retour, en tant que méditation sur les valeurs
du timbre d’une variation ininterrompue du langage parlé,
qui caractérise la bonne peinture.
La nature de
son tempérament est présente comme une ligne constante sur
laquelle il est possible de situer tout un itinéraire de
moyens d’expression qui convergent vers ce qui restera à
jamais l’essence éternelle de la peinture, c’est-à-dire,
être et rester peinture, et pour le peintre, être et
rester peintre, quel que soit le registre adopté, le monde
interprété, les inventions ou les fantaisies, afin que la
légende ou l’auréole de l’artiste acquièrent couleur et
vitalité. Sécan est un peintre, et la violence douce de
ses tableaux n’est qu’une sorte de libre épanchement et
d’affirmation vibrante de toutes les libertés auxquelles
civilisation et culture à la fois nous ont habitués.
L’art n’est pas fait de mots, mais de silence et de
mystère. Sécan interprète l’un et l’autre et il en fait
de la ‘ peinture’. Voila pourquoi, en nous référant à
lui, nous utilisons l’expression ‘ engagement de la
peinture’ plutôt que d’autres formules à la mode
aujourd’hui. »
Renato Giani
Je crois que
l’habitude la plus chère à Georges Sécan soit quelle de
l’Italie. Il a courut le monde, il a connu beaucoup de
pays – parce que il est fondamentalement, un esprit
cosmopolite, un de ces hommes de nos jours malheureusement
rares, qui se sentent en harmonie avec les gens les plus
diverses – mais, depuis que je le connais, par plusieurs
d’indices j’ai compris clairement qu’il réserve à l’Italie
une place très particulière dans son cœur. Il habite
Paris, où il a étudié peinture, où depuis beaucoup
d’années il est justement reconnu un Maître. Pleinement
maître de la technique, et pourtant jamais tombant dans la
virtuosité, il a un langage expérimenté et immédiat. Sa
belle couleur peut atteindre les notes les plus hautes
sans incertitudes. Dans sa fougue créative, Sécan sait
mettre d’un seul jet sur la toile mélanges denses et
précieux et, vice versa, éteindre glacis aériens ; bref,
il réussit admirablement à tramer un tissu chromatique qui
bien seconde le dynamisme qu’il sait conférer à
l’ensemble.
Mario Lepore
“Pour Sécan
l’art apparaît comme une divinité bifrons : une face
reflète la réalité extérieure, le réel ; l’autre face, la
réalité intérieure, l’esprit. « Dans sa peinture – écrit
Jean-Paul Crespelle dans France-Soir – on perçoit le sens
immédiat et le sens secret, profond, de ce monde tragique
qu’est le sien, que l’on peut découvrir, à condition
d’aller au-delà des apparences.»
Dans ses
toiles, où se niche souvent le silence, on perçoit une
atmosphère musicale, organisée par les rythmes.
Sécan a
quelque chose de mystique. C’est un mystique comme on peut
l’être de nos jours, persécuté par l’immédiateté des
manifestations de notre extraordinaire, fascinante, mais
ennuyeuse, civilisation des machines.
J’entends un
mystique non pas par réaction mais par nécessité
intérieure et, précisément, à cause de cela, avec une
attitude particulière devant la fuite toujours plus rapide
du temps. En 1948, Sécan écrivait dans Kunsthefte : «
L’homme, toujours plus éloigné de lui-même et s’écartant
toujours plus des lois éternelles qui gouvernent et
décident de sa propre vie, toujours plus déchaîné dans ses
fausses passions dignes de Babel , cet homme a perdu la
notion du Nouveau – le sens sublime de la vie. » Des
paroles de Delacroix reviennent à la mémoire, comme un
avertissement. « La nature réserve aux grandes
imaginations des hommes à venir plus de choses nouvelles à
dire sur ses créations qu’elle-même n’a crée de choses. »
Sa peinture
jaillit de sa mémoire, purifié des éléments sensoriels qui
deviennent un événement inauthentique, un ensemble de
détails secondaires. La transfiguration va au-delà du
possible, c’est- à-dire qu’elle dépasse la connaissance.
D’où le sens de nouveauté de ses représentations ; d’où le
charme subtil qu’elles transmettent à celui qui les
regarde et qui en est touché.
Sécan fait
vivre pour nous un monde fantastique, dans le silence
duquel nous avons l’impression d’attendre l’apparition de
la vérité ; cela devient le message d’une autre vie : la
révélation du mystère. Il est écrivain et critique,
musicien aussi à cause des vacances qu’il s’accorde sur le
clavier. Un homme complet du point de vue intellectuel et
par là même très jaloux de sa liberté, ce qui rend très
difficiles ses rapports avec les marchands. Sécan ne veut
pas avoir des impositions, ni subir des contraintes.
Récemment, il s’était engagé pour une série d’expositions
aux États-Unis Tout avait déjà été fixé : galeries, lieux,
dates. Mais une soudaine résipiscence, le souci de devoir
se soumettre à des choix, à des directives, l’a poussé à
tout décommander. »
Garibaldo
Marussi
À Sécan,
expressionniste, n’intéresse pas ce que, pour ancienne
tradition, les voyageurs étrangers aimaient trouver chez
nous. Lui, plutôt, il cherche et il trouve, en Italie,
les immobiles enchantements du soir, les phosphorescentes
réverbérations de l’orage survenant, la solitude, le
silence, en bref le mystère. Il agit par impulsion, avec
coups de pinceau vigoureux et denses, qui dans certains
tableaux peuvent rappeler Vlaminck. On pourrait penser à
un tempérament autoritaire, même colérique, et au
contraire il est un gentleman raffiné, modeste,
extrêmement aimable.
Dino Buzzati
Quelques
grands tableaux de Sécan sont en train de partir pour New
York; actuellement il vit entre Paris et Milan. Son art
est très spiritualisé et il réponde à tensions
métaphysique selon un ordre musical. La maîtrise
technique, qui sait s’organiser en vastes surfaces, même
de 5-7 mètres, avance en harmonie avec l’engagement moral,
la ferveur de la dénonce, la sévère qualité de l’alerte.
Du magma, des visages affleurent, comme en invoquant
saisons plus cléments ; symboles et allégories ruissellent
de couleur. Mais le déchiffrement des contenus ne
mortifie pas les raisons intimes et autonomes de la
peinture, les voix du subconscient. La série des fonds
marins, le salut, il semble, de la vie, paraître
particulièrement heureuse. On pense à Pollock, mais sans
désespoir, avec espérance, résistant même si dans la
lutte féroce entre le bien et le mal.
« Feux de
la paix et de la guerre », était le titre d’un tableau
pour lequel Sécan a reçu les congratulations de U Thant,
en occasion de sa présentation au ONU l’année passée.
Alberico
Sala
Cela fait
bien des années désormais que je vis parmi de nombreux
peintres et artistes, quelques-uns très connus même, mais
jamais il ne m’était arrivé ce que j’ai vécu hier
après-midi, quelque chose qui ressemble à un exploit.
J’ai rencontré dans la rue Sécan, artiste peintre en
veine de plaisanter, et qui m’arrête sur le trottoir, en
face d’un café : « Ne bougez pas – m’impose-t-il – il y a
une luminosité étrange dans votre chevelure
révolutionnaire ». Je ne m’étais pas encore tout à fait
arrêté que déjà il esquissait mon portrait sur un boute de
papier ; d’un coup de crayon rapide et nerveux, en moins
de temps qu’il n’en faut pour le dire, il dessina à la
manière d’Ingres, non pas un, mais deux petits portraits :
l’un, debout, le sourire aux lèvres, l’autre, une petite
tête au visage sérieux, presque ennuyé. Il fit cela avec
une rapidité telle que les clients du café, qui étaient
sortis pour voir ce qui se passait, manifestèrent leur
surprise. Comment définir un tel prodige ? Je savais que
Sécan, au cours de ses expositions, se divertit à faire
des esquisses des visiteurs et c’est l’occasion pour
quelques-uns d’avoir leur portrait fait par un grand
artiste. Sécan, de même que Matisse, éprouve le besoin de
se servir au moins du crayon, comme s’il voulait se
libérer soudain de cette poussée artistique que les
peintres d’aujourd’hui, bien plus que par le passé, et du
fait des conditions de vie et de pensée différentes,
sentent en eux. Il est certain que je n’aurais jamais
imaginé que Sécan puisse dessiner avec une rapidité telle,
deux portraits si ressemblants, aussi bien dans le
physique que dans le caractère. Le Maître rentrait d’un
de ses pèlerinage où il se rendait depuis plusieurs
jours, comme s’il avait eu un vœu à exaucer, un dernier
souhait à satisfaire, celui de saisir grâce au pinceau,
une perception magique qui semblait vouloir lui échapper.
Dans la peinture de Sécan on sent toujours l’étreinte
d’émotions exceptionnelles qui ne sont jamais fin à
elles-mêmes. En effet, Sécan est un exception, en tant
qu’homme et en tant qu’artiste et son altruisme est hors
du commun.
Aujourd’hui
tous les artistes, sans exception, sont lancés et soutenus
par des galeries ou des marchands de tableaux. Sécan ne
cache pas son indifférence à leur égard.
Rinaldo
Corti
Dans chaque
tableau de Georges Sécan on peut avertir les timbres d’une
symphonie fantastique. Ce sont des compositions musicales
de couleur, particulièrement significatives, qui naissent
dès impulsions de sa méditation philosophique et humaine,
de sa profonde et sincère nature d’artiste. Ce sont des
oeuvres qui correspondent à des intenses vibrations
poétiques, chargées de spiritualité. La palette de Sécan
est violemment expressive.
Franco
Passoni
L’œuvre
picturale de Sécan se présente très complexe, ainsi il
peut arriver que le spectateur, égaré ou capturé par les
aspects les plus éclatants, s’éloigne de l’exacte
compréhension des motifs fundamentals qui la soutiennent.
Elle se présente, en effet, comme une expérience toute
tendue à réaliser une forme aigue de l’expression,
laquelle ne dédaigne pas la violence du geste, ni
l’excitation chromatique la plus violente. La véhémence,
presque informelle, du geste, et la coloration ardente,
poussée aux timbres les plus élevés – même si, ensuite,
tous adoucissent leur contrastes entre une tonalité
dominante, presque toujours dense et chaude – peuvent
suggérer une classification de l’œuvre picturale de Sécan
dans le cadre d’un néo-expressionnisme ; mais, en effet,
de ces aspects qui aussitôt s’imposent aux yeux de
spectateur – en suggèrent, entre autres choses, une base
d’improvisation sur des impulsions de nature viscérale –
il faut retenir ce que en eux est, à son tour, vraiment
essentiel.
Il faut, en
d’autres termes, comme toujours, pourtant, parcourir de
nouveau à rebours l’itinéraire parcouru par l’artiste,
parce que il soit possible reconnaître lentement, au
dessus des apparences, lentement dénuées de leur propre
agressivité, le caractère visionnaire de cette peinture,
et donc descendre au même cœur d’une attitude spirituelle
qui tend, comme par un inné sens de pudeur, à se créer des
masques. Seulement ainsi, c’est-à-dire transperçant d’un
coté à l’autre l’apparence de la matière picturale épaisse
et violente ; en laissant décanter le geste péremptoire et
convulse qui l’étale sur la toile ; en filtrant, enfin, la
couleur brûlante, le noyau authentique de la peinture de
Sécan peut affleurer, remonter à la surface, et le
spectateur peut réaliser que ce noyau est un ganglion, un
nœud étroit de sentiments, continuellement noué, défait,
renoué grâce à une ardente imagination. Un nœud de
sentiments en continu état d’alerte : l’état d’alerte, ou
inquiétude morale, typique de l’homme qui désire de rêver
et, dans le même temps, connaît par expérience, combien
les tares naturelles de la réalité quotidienne soient
contraires aux rêves. L’apparente violence de la peinture
de Sécan est avant tout le signe de son opposition aux
naturelles contrariétés de la vie quotidienne. C’est, au
contraire, l’écran, le bouclier derrière lequel son
imagination, si on ne veule pas dire ses rêves, peut
s’exprimer et devenir peinture. C’est possible
reconnaître comme, pour tant de suivants contrecoups
sensitifs et culturels, elle semble rappeler, dans le
monde présent, un très original message d’une émouvante
expressivité.
Luigi
Carluccio
Sur le fil
d’une aigue participation aux évents de la psyché
profonde, Sécan est engagé à capturer les énergies
primordiales, les forces ctonies, les sens mystérieux que
continuellement il pressent ; à rendre visible présence ce
qui est invisible. D’ici s’ensuivent des œuvres qui, à
raison de la haute spiritualité dont elles sont animées,
se proposent à l’observateur avec la force révélatrice
propre à la « découverte » : œuvres qui déchirent le
voile de la connaissance sensualiste, conditionnée par
l’habitude visuelle, et qui éclairent un monde autre
dans lequel matière et pensée, connaissance objective et
impulsions inconscientes s’enveloppent dans un
enchantement inattendu.
Depuis le
loin 1942, Sécan agissait sur la ligne de l’abstrait, avec
des résultats probants : le cercle de son aventure se
conclut donc, au présent, avec ces œuvres que Michel Tapié
met à l’enseigne du subformel, et qui sont témoignages de
la vitalité créatrice qu’a toujours soutenu l’artiste.
Carlo Munari
À faire
vibrer d’une secrète beauté les lumières de la palette de
Georges Sécan pouvait être soit une impulsion violente et
sensuelle, soit le mystique ardeur d’un esprit séraphique
( mais il pouvait être aussi tantôt l’un, tantôt l’autre à
palpiter dans ses toiles les plus vastes, comme dans la
fascinante image qu’il sait évoquer dans un carré de
splendide peinture).
De même
façon, Sécan peut paraître et être le vertueux
d’exception, vrai spadassin du pinceau dès vertigineuses
élégances et, en même temps, le champion de l’essence
picturale la plus pure ; le fruit, en bref, qui a l’âpre
saveur du sauvage mais, aussi bien, la fragrance la plus
délicate des jardins. Ainsi, à la fin, l’homme, comme son
œuvre, ils vivent dans leur propre individualité libre,
rendent vain chaque effort de ceux qui cherchassent de les
caser en quelque –soit école ou tendance, même s’il s’agit
de la peinture de Sécan avec ses timbres très hauts et
toujours florissants de lumière. L’extrême liberté de ses
connotations chromatiques, la flexibilité même de son
langage, confèrent toujours à la peinture de Sécan, ainsi
ardente de matière et de lumière, le début le plus riche
et dynamique à la création fantastique d’un nouveau
domaine spatial. C’est son monde. Un monde qui à chaque
fois, peut paraître sorti dès cauchemars ou dès rêves d’un
visionnaire, presque comme l’émanation visuelle de ces
énergies de l’émotion et de la sensibilité de l’artiste
dans le même temps qu’ils viennent à se pousser au dehors
du tourbillon de la couleur, avec la fureur hallucinée du
subconscient toujours pressée, pourtant par les résonances
spirituelles les plus profondes, où on perçoit même les
aspirations les plus secrètes de ceux qui regardent,
presque avec nostalgie, aux paradis perdus du Beau et du
Bon.
Angelo Dragone
Ce n’est pas
facile de définir Sécan. Il croit à l’inspiration, à son
caractère péremptoire dans le cadre de la création. Ses
œuvres, quelques fois aussi polyvalentes, sont même
tragiques pour leur somptuosité, et ils attribuent
universalité même dans l’événement le plus simple. Sécan
aime les couleurs et, grâce à son étonnant habilité, les
utilise dans les façons les plus imprévisibles. Les
éléments chromatiques sont: le rouge, qui est passion et
seconde l’élan émotif de l’artiste; le jaune, qui chauffe
l’image, en lui donnant expansion et dynamisme; les autres
couleurs donnent un sens visionnaire à la fantaisie
créatrice. Il a un profond sentiment de religiosité; dans
une extension cosmique, bien entendu. Il est
constitutionnellement un moraliste qui exhorte sans
prêcher et il ne censure pas, comme tous ceux qui ont
respect des sentiments humains, et il craint que quelqu’un
puisse les offenser. En voyant Sécan ébaucher un rapide
esquisse, j’ai compris combien d’importance ait, dans sa
créativité, l’impulsion, l’improvisation. À partir d’un
ardent désir indéterminé, il précise dans le « faire », le
sens même du faire et son signifiant; ainsi il ne peut
qu’agir dans la liberté inventive la plus absolue,
langage et expressivité inclus, évidemment, parce que
rien n’est préconstitué ou conventionnel dans sa peinture.
Marcello Azzolini
Avec une
décantée culture sur le raffiné courant d’ascendance
française, avec un langage décliné sur des paradigmes
d’une élaboration continuelle, sensible aux nouveautés
d’une inquiète recherche, Sécan impose un style original,
authentique. L’usage d’une matière chromatique dense et
brillante, trempée de lumière dans les vives touches ( la
pure technique peut s’aligner aux manières de l’informel
ou du tachisme), dès tonalités gris-terre aux envahissants
rouges brûlants, quelquefois à pointes d’audacieux verts
effervescents, se révèle en composites couches escaladées
entre un espace suggéré, qui dévient milieu d’une vaste
aventure spirituelle.
Annamaria Raini Beltrame
La nature de
Georges Sécan, de sa peinture, est certainement variable,
inquiète. Le contrôle, la méthode, dans quelle acception
qui sous-tend une « constante » rationnelle, ne sont pas
de termes applicables en ce cas d’une communication toute
émotive et gestuelle, confiée à la violence expressive de
la couleur.
Un art qui,
dans son orageuse impétuosité, est plutôt un genre de
brûlant panthéisme visionnaire.
Roberto Sanesi
Celui de
Sécan est un langage inique. Dans le cadre de la grande
peinture, il peut arriver, rarement, de faire face à un
croisement plus agile et riche, et pourtant si fortement
caractérisé par une empreinte unitaire, comme dans
l’histoire de cet artiste élevé. Devant les tableaux de
Sécan, chaque observation superficielle se révèle
impossible. Parce que il s’agit d’une peinture qui «
croit » : elle lève devant nos yeux, traînant la pensée
vers les sentiers solitaires de la conscience, elle prend
un de tes instants de silence, de douceur, et te mène avec
gentillesse, mais avec fermeté, vers les zones lointaines
de la mémoire ; elle cristallise pour un moment un de tes
gestes casuels et le transfère dan l’amphithéâtre
magnifique où les grands drames de la vie sont célébrés ;
et n’existe pas aucune manière pour une considération
détachée, pour une lecture hâtive ; en première personne
tu te trouve à l’improviste protagoniste de ce tableau,
plongé profondément dans le tissu picturale, toi-même
acteur et régisseur en ceux vastes espaces tourmentés par
la pressante intervention de l’artiste. C’est évident que
une peinture si puissante, si insinuante qu’elle entraîne
directement l’observateur grâce justement à son composant
magnétique, est au dehors de quelque soit définition.
Ni en la
définissant, pourrait apporter quelque chose à son
fascinant pouvoir. Mais nous reste quel inquiet désir
d’aller outre, de comprendre profondément, de saisir le
secret, même pour un moment, de ses empâtements poignants,
de ses glorieux cabrages, de ses abîmes incandescents.
Lisetta Belotti
Le
connaisseur technique le plus habile, le critique le plus
adroit et expérimenté, réussiront avec difficulté à tirer
de l’art de Sécan une phrase-formule plus ou moins
audacieuse, si non arbitraire comme est d’habitude
aujourd’hui, spécialement pour paraître” je-sais-tout”, au
moins dans la magie des mots.
La fabuleuse
peinture sécanienne, les empâtements inimitables de sa
palette, la voix mystérieuse qui l’appelle à se hasarder
dans l’œuvre, comme dans une espèce de mystère orphique,
échappe chaque profonde analyse probante. Ainsi, comme il
est toujours arrivé seulement pour les vrais créateurs,
dans tous les temps. Sur ces toiles vivantes, il palpite
un sens d’accord poétique et musical, résumé entre une
peinture insondable dans sa genèse psychologique et dans
son ineffable expression esthétique. Sécan n’est pas
l’épilogue et, néanmoins, le disciple d’une école : il a
crée une école sa propre, un art à lui parfaitement
fidèles à son originale sensibilité artistique.
Igino Senesi
Sécan
continue à conserver la fraîcheur de son immuable
jeunesse, l’ardente imagination qui tire ses origines dès
ancestrales émotions humaines, que seulement un peintre
comme lui ( encore prêt à la surprise et à
l’expérimentation) peut sentir. Il a trouvé de nouveaux et
originaux accents, en scrutant en soi-même et y retrouvant
un autre « soi-même », un nouveau subconscient,
primordial, métaphysique, absolument étranger à notre
commun subconscient, survécu en nous pendant des
millénaires, et duquel, ému et bouleversé, l’artiste a
tiré la substance créatrice de son style actuelle.
Nino Nava
Il n’y a pas
de doutes que, dans la peinture de Sécan, on peut
reconnaître quelque uns des moments les plus hauts de le
historique de l’art moderne: du fauvisme à
l’expressionnisme, du surréalisme à l’informel et au
gestualisme d’une très particulière action
painting. Pourtant, jamais de la vie il sera possible
reconduire même un seul tableau de Sécan entre les schémas
prédéterminés d’une tendance, dans le cadre constructif
d’un mouvement ou d’une école. Chaque tableau de Sécan,
même dans son extrême versatilité de langage, ou, mieux,
justement grâce à sa propre perpétuelle disponibilité
expressive, grâce à sa propre naturelle disposition à tout
horizon, chaque tableau de Sécan, je le répète, est un
fait poétique indépendant, est un unicum dans le
contexte de l’entière production artistique planétaire, un
acte de l’esprit, transféré presque physiologiquement,
dans une concrète dimension picturale. Chaque tableau de
Sécan est un événement irréméable et irremplaçable, sorti
exclusivement d’une supérieure énergie vitale qui refuse
et rejette opiniâtrement toute influence extérieure, soit
intellectualiste soit psychologiques, qui ne pactise ni
avec l’instrumentation culturelle ni avec les éphémères
suggestions émotionnelles et sentimentales.
Chaque
tableau de Sécan est un rite, est une « cérémonie »
sacrée dont il maintient, intactes, toute la vigueur, la
pureté, même la cruauté : C’est le geste d’un magicien,
ou, si nous voulons, d’un saint ; et ce n’est pas par
hasard que un des critiques parmi les plus célèbres de
France, Claude Roger-Marx du « Figaro Littéraire », a
écrit que « Dans les yeux de Sécan on voit une sorte de
sainteté. »
Luciano Budigna
Il me semble
une caractéristique de l’oeuvre de Sécan la recherche
d’une expression en balance entre les deux termes de
spiritualité comme recherche cognitive ( peut être avec
une impulsion mystique) et de élégance, très française,
naturellement.
D’ici, vient
une particulière tension, même picturale, où la soudaine
impulsion de nature émotive, on peut dire surexposé, sert
presque à catalyser, justement en direction picturale, les
contradictions de deux exigences en elles-mêmes
antithétiques. Avec résultats d’élaborée abstraction, et
étranger à rythmes scolastiques : riche, au contraire, de
qualités techniques, émotionnelles, ou fantastiques,
surtout grâce à la couleur dans sa violence expressive.
Impulsion qui n’est pas fin en soi, lisible plutôt comme
métaphore grâce à un vif et séduisant composant de
sensitivité.
Massimo Carrà
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